Généralité :

    Pythagore est un personnage d’histoire et de légende tant il est vrai que le peu de document à disposition n’est pas en mesure de véritablement secourir l’historien face au miraculeux. Il serait né vers –580 à plus ou moins dix ans près et mort environ vers –500. Son lieu de naissance est Samos, une île grecque des Sporades en mer Egée, haut lieu de commerce à l’époque. La légende dit que ses parents descendent tout droit de Ancée, un des fils de Zeux qui a fondé la cité de Samos. Le ton est donné, la légende bat son plein. D’ailleurs, si son corps tient de son père, son âme, elle, relève de sa mère et des faveurs qu’Apollon lui aurait concédées.

    La mère de Pythagore, alors qu’elle est enceinte, est présentée à la Pythie à Delphe. Cette dernière professe que cet enfant sera un être de grande beauté et un grand sage reconnu de tous. De là, vient ce nom de Pythagore " celui qui fut annoncé par la Pythie ".

    Pythagore lui-même prétendait être Aethlide, le fils du Dieu Hermès, et qu’il se souvenait de toutes ses incarnations depuis lors. Le ton est donné, Pythagore n’est pas un homme ordinaire.

    On compte parmi les illustres maîtres de Phytagore, Hermodamas qui aurait appris L’Iliade et L’Odyssés par cœur avec Homère en personne comme professeur. Puis il sera confié à Thalès qui lui enseigne la maitrise du temps, la tempérance et la science véritable ; il aurait enfin connu Anaximandre.

    Pythagore quitte Samos vers 17 ans en direction de Sidon , en Phénécie(actuel Liban) où il reçoit à Byblos et à Tyr l’initiation du prophète Môkhos. Il reste en retraite sur le Mont Carmel, la montagne du Prophète Elie. C’est là qu’il aurait accompli son premier miracle en franchissant les précipices de la montagne sainte pour rejoindre un navire égyptien.

    Pythagore restera 22 ans dans ce pays, il sera reçu par le pharaon Amasis et sera initié aux Grands Mystères de l’Egypte notamment une cuisse d’or symbole de l’initiation solaire(Râ) . Lors de l’invasion de l’Egypte, il est fait prisonnier par Cambyse en Chaldée en –525. Il y passera 12 ans recevant de nouveaux enseignements sur les nombres et la musique. A cette époque, il aurait également rencontré Zoroastre qui l’aurait purifié de toutes ses souillures humaines. Puis Pythagore pousse sur la perse où il aurait séjourné 10 ans. Il aurait également séjourné en Inde où il aurait reçu des enseignements du Bouddha.

    Ces deux rencontres avec Zoroastre et Bouddha sont vraisemblables. Pour le premier, on retrouve chez Pythagore, une prédominance du Soleil, figure de prou du Mazdaisme de Zoroastre et la transmigration des âmes doublée du respect de tous les êtres vivants pour le Bouddha.

    Pythagore, à sensiblement 60 ans, retourne à Samos pour enseigner notamment dans un amphithéâtre nommé L’Hémiclyque sans grand succès. Jamblique est son premier élève puis un groupe d’environ 30 adeptes le rejoint. Il vivent tous dans une grotte.

    A l’occasion d’autres voyages, il serait également descendu au royaume d’Hadès. il aurait également été initié aux pratiques orphéïques.

    Après quelques soucis avec les gouvernants du moment, Pythagore s’exile dans le sud de l’Italie à Crotone. C’est là, par son enseignement de sagesse, qu’il influencera tous les rouages familiaux, sociaux et politiques laissant après sa mort à l’âge de 80 ans des traces indélébiles. On lui attribue d’avoir introduit la monnaie dans le sud de l’Italie ; Cicéron prétend que l’influence de Pythagore aurait influencé les dirigeants de Rome.

    Deux mots sur la manière de vivre de Pythagore. Il était toujours vêtu sobrement d’une tunique en laine blanche. Il ne mange que du pain et du miel accompagnés de quelques légumes cuits à l’exception des fèves. Il prône la mise en communauté des biens, il affiche une rare éloquence. Il chante des incantations sur les souffrances de l’âme et celles du corps.

    Bien d’autres légendes planent sur la vie de Pythagore : il donne le chiffre exacte des poissons contenus dans un lourd filet ; il fait fuir les serpents ; apprivoise les aigles ; convainc un ours de ne manger que du miel, des fruits et des légumes ; il persuade un bœuf de ne plus brouter les fèves ; il chasse les maladies ; détourne les épidémies, se déplace en volant, etc…

    Les cours sont publics et les conditions d’admission relèvent de la morale et de l’intelligence. Des épreuves basées sur la maîtrise de soi sont infligées au candidat ; il doit les affronter avec gaieté et détachement. Puis, le nouveau venu rejoint l’homakoeïn, la congrégation des Pythagoriciens ; elle est organisée suivant trois niveaux :

    • Les novices : Le travail est basé sur l’imagination, la mise à l’épreuve de l’orgueil et l’ascèse. Par exemple, le candidat est enfermé dans une pièce avec du pain et de l’eau ; sa seule compagnie, une figure géométrique sur laquelle il doit méditer. Le but est d’apprendre à replacer les choses telles qu’elles sont et non pas comme nous les pensons. Progressivement un détachement s’opère sur les émotions, c’est ainsi que le candidat peut prétendre au grade supérieur.
    • Les acoustimatiques : L’intériorité du candidat apaisée, il peut " affronter " l’étape suivante : l’élève ne devra pas prononcer un mot pendant les enseignements durant cinq ans. Il apprend la géométrie et se façonne ses propres réflexions à l’aide de son équerre, de sa règle et de son compas. Ceux qui échouent à ce niveau retrouvent une vie sociale, ils peuvent néanmoins continuer de fréquenter l’école.
    • Les mathématikoï : Ce terme signifie : " celui qui connaît les lois d’ordre de la matière " ; " celui qui peut ordonner les nombres ". La vie est faite de contemplation ; la pureté du cœur et de l’action prime sur tout autre sentiment. Seuls les mathématikoïs peuvent vivre en communauté avec Pythagore. Le plus grand secret sur les rites, sur l’enseignement et les symboles sacrés règne dans l’ensemble de l’école ; le secret est une des caractéristiques fondamentales de l’enseignement Pythagoricien.

    Peu après -500, l’instabilité politique va mettre fin aux fraternités pythagoriciennes à la suite d’un changement de gouvernement. Les nouveaux hommes en place n’apprécient pas du tout l’influence de l’enseignement du maître, notamment un nommé Cylon qui n’apprécie pas d’avoir été éconduit par Pythagore. Ce dernier est contraint de fuir la ville pour se réfugier à Métaponte. C’est la fin des Pythagoriciens et de Pythagore.

    On ne sait rien de la mort de Pythagore ; quatre hypothèses sont avancées :

    * Il serait mort à la suite d’un jeûne de 40 jours

    * Il aurait été rejoint par des poursuivants et aurait préférer mourir là plutôt que de traverser un champs de fèves

    * La maison dans laquelle il était réfugié aurait été brûlée sur l’ordre de Cylon, Pythagore serait mort dans cet attentat.

    * ET ENFIN : sous les yeux de deux de ses amis, son âme aurait quitté son corps pour rejoindre " l’île des Bienheureux "

    Pythagore ne laissera aucun écrit ! ! ! Et pourtant, il a marqué de son empreinte les mathématiques et la géométrie, la musique, la philosophie. Sa pensée est toujours d’actualité dans les courants franc-maçonniques, dans le compagnonnage et chez le rosicruciens.

    La philosophie :

Pythagore se demande comment il est possible d’acquérir un savoir immuable dans un monde sensible et mouvant. On ne peut donc pas se fier au monde sensoriel indissociable du corps. Ce corps est justement une prison dans laquelle l’âme est condamnée à séjourner ; cette sentence, cette pénitence est le fruit de la divinité. Tant que l’âme ne sera pas totalement purifiée, elle transmigrera de corps en corps et il est de son devoir d’atteindre le bonheur pour échapper au cycle des renaissances.

La connaissance stable, Pythagore la trouve dans les mathématiques et la géométrie.

Le " 10 " comme base universelle de toutes choses et le " un " à la naissance de tout !

Les pythagoriciens voient des nombres partout, c'est pourquoi ils les adorent. En musique, les intervalles entre les cordes de la lyre sont des proportions dans lesquelles interviennent les quatre premiers nombres entiers. Si les sonorités fonctionnent selon des proportions, ils pensent que c'est aussi le cas de l'univers entier, que le nombre est un principe universel. Un Pythagoricien voit l’univers de la manière suivante :

* Les choses sont des nombres

* Les nombres sont dans toutes choses

* Les nombres sont les causes et les principes de ces choses

* Les choses sont constituées par les nombres

La période " acoustimatique " est justement destinée à laisser le disciple méditer cet aspect de la nature, l’observation dans le silence, doublée d’une solide instruction géométrique, arithmétique, mathématique et philosophique, permet cette compréhension. ; sachant que l’astrologie est omniprésente à cette époque.

    a) La tétractys

    Les pythagoriciens ont en particulier travaillé sur la tétractys ou "nombre universel" qui pour eux symbolise l'univers. Ce nombre forme, disent-ils, un triangle "parfait" dont tous les côtés valent 4 et le "total" 10.

     

     

     

    Pourquoi cette tétractys symbolise-t-elle l'univers ? Parce qu'elle renferme la monade et la dyade, qui sont à l'origine de tout, l'impair et le pair, le bien et le mal... L'univers, pour les pythagoriciens, ce sont dix corps célestes : la "sphère des étoiles fixes", les cinq planètes qu'ils connaissent, le soleil, la lune, la terre, la "contre-terre" que personne n'a vue mais qu'ils sont obligés d'inventer pour que le total fasse dix !

    Arithmétique

    Philosophie

    Géométrie

    1

    l'unité = le "père" des autres nombres

    monade = le bien

    le point

    2

    dyade = le mal, la dualité

    la ligne

    3

     

    le triangle, le plan

    4

    le corps physique

    la pyramide, les solides, les volumes en général

    5

    le corps physique + la couleur

     

    6

    le corps physique + la couleur + la vie

     

    Les nombres au delà de " 10 " ne sont que l’expression du " 10 " plus un des éléments du " 10 " : exemple 10+2 ; 10+10+3, etc. Tous les nombres naturels sont divisés en dix classes : tous ceux qui donnent un reste de " 1 " une fois divisés par " 10 " ; tous ceux qui donnent un reste de " 2 " une fois divisés par " 10 " ; tous ceux qui donnent un reste de " 3 " une fois divisés par " 10 " ; etc…Tout part de " 10 " pour rejoindre " 10 " !

    b) Pair et impair

    Pour les pythagoriciens, il existe des pairs et des impairs au delà de 1 et 2. Car "un nombre pair est un nombre qui peut se séparer en deux parts égales de même nature, paires ou impaires". Ils montrent que les nombres entrent tous en relation les uns avec les autres, et ils donnent un nom à chaque relation.

    IMPAIRS

    PAIRS

    Limités

    illimités

    Finis

    infinis

    déterminés

    indéterminés

    Mâle

    Femelle

    L’Un est dominant car dans la division par " 2 ", il équilibre deux parties égales 3 + 1 +3 = 7. C’est pour cela qu’il est le principe de la totalité car il possède commencement – milieu- fin avec l’unité pour médiatrice.

    La division à l’infini

    Le gnomon de l’impair est carré

    Le gnomon du pair est un rectangle

    L’Un et le " 2 " ne sont ni pairs, ni impairs. L’Un ne peut être classé puisqu’il est lui-même le principe engendrant ; le " 2 " n’est que le prolongement de l’Un car le " 2 " naît de " l’Un plus l’Un " qui fait exister le " 2 ".

    Les nombres pairs se composent de plusieurs catégories :

    * Les " pairements " pairs………2 x 2 = 4 ou 4 x 4 = 16

    * Les " impairements " pairs……2 x 3 = 6 ou 4 x 5 = 20

    * Les pairements impairs ………..5 x 2 = 10 en fait toutes les multiplications par " 2 " qui n’est ni pair ni impair

    c) Les nombres parfaits

    Un nombre "parfait" est un nombre égal à la somme de ses diviseurs. Les quatre premiers ont été découverts empiriquement par les pythagoriciens : 6 ; 28 ; 696 ; 8128. Le cinquième ne sera découvert qu'au XVe siècle. On en est actuellement seulement au douzième. Les professeurs de mathématiques ne connaissent pas d'algorithme pour les trouver.

    d) Les nombres triangles et les nombres carrés

Exemples de nombres "triangles" dont chacun est égal à la somme des nombres consécutifs jusqu'à lui-même. Le " un " est donc une pyramide en puissance car il est le sommet de toutes les pyramides, celui qui engendre tout

1 + 2

·

· ·

3

1 + 2 + 3

·

· ·

· · ·

6

 

 

1 + 2 + 3 + 4

·

· ·

· · ·

· · · ·

 

 

 

10

 

 

1 + 2 + 3 + 4 + 5

·

· ·

· · ·

· · · ·

· · · · ·

 

 

 

15

Etc

Etc

Etc

 

Exemples de nombres "carrés" :

2 + 2

· ·

· ·

4

3 + 3 + 3

· · ·

· · ·

· · ·

9

 

4 + 4 + 4 + 4

· · · ·

· · · ·

· · · ·

· · · ·

 

 

16

 

 

5 + 5 + 5 + 5 + 5

· · · · ·

· · · · ·

· · · · ·

· · · · ·

· · · · ·

 

 

25

Etc

Etc

Etc

 

C'est un travail simultané sur l'arithmétique et la géométrie. Les pythagoriciens représentaient les nombres avec des petits cailloux et des figures géométriques. En comparant géométriquement les nombres triangles et les nombres carrés ils ont déduit qu'un nombre carré est la somme de deux nombres triangles successifs.

·         ·

·         ·

3 + 1

·       ·        ·

·       ·        ·

·       ·        ·

3 + 6

4 est ainsi le premier carré, 9 le deuxième...

Le gnomon :

Les pythagoriciens ont beaucoup réfléchi à l'application du gnomon : la possibilité de transformer un nombre carré en un autre nombre carré.

 

2a + 1

Le gnomon, utilisé en architecture, était un instrument géométrique en forme d'équerre avec des côtés égaux. Mais pour les pythagoriciens il est aussi un symbole de l'esprit car il entoure le carré comme l'esprit entoure le corps...

 

 

Si l'on part de " a " et qu'on ajoute des gnomons successifs on obtient la série des nombres impairs : 1 3 5 7... ce qui a deux conséquences :

* un nombre carré auquel on ajoute le gnomon est un nombre carré.

* la somme de la suite des impairs est obligatoirement un carré.

Gnomon des pairs

Dit " oblong "

Gnomon des impairs

    Carré

rectangle

 Du point à la forme :

    Le point, l’Un, n’est défini que par sa position, il n’a ni parties, ni dimensions.
    De « 2 » points peut naître la ligne, un espace géométrique.
    Du « 3 » naît l’espace, dit « solide »
    Du « 4 » naît le volume, dit « pyramide »

    Nous retrouvons la Tétractys avec le " 1 " pour le point, le " 2 " pour la droite, le " 3 " pour l’espace, le " 4 " pour le volume ; ces quatre premiers nombres constituent le triangle sacré de la Tétrade, avec pour somme le " 10 ".

  1. Le "théorème de Pythagore"

Dès avant Pythagore, on connaissait la proportion 3/4/5 pour former un angle droit. Mais il a cherché d'autres triplets de nombres satisfaisant aux mêmes conditions, le but étant d'en faire une démonstration. On pense que la démonstration a été faite à partir du carré. Le résultat en est le fameux théorème : le carré issu de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.

 

Quelle est alors la mesure de l'hypoténuse ? Cela revient à montrer la proportionnalité entre a et b, autant le faire avec les nombres les plus petits possibles : soit fraction irréductible où a>b et a>1.

 

donc est pair donc est pair.

Dans l'expression si est pair, est nécessairement impair (puisque la fraction est irréductible).

a étant pair peut s'écrire 2c

donc

et puisque par ailleurs

alors

donc par conséquent est pair, et est pair.

Ce résultat est contradictoire avec la 2ème étape, dans laquelle on a vu que b est nécessairement impair (puisque la fraction est irréductible).

Cette contradiction révèle que le raisonnement est faux, autrement dit qu'il n'y a pas de proportionnalité entre a et b et la diagonale a n'est pas mesurable !

Il existerait donc des nombres qui ne seraient ni des entiers ni des fractions ? Pour un pythagorien cela dépasse la raison ! Nous appelons effectivement ces nombres comme des "irrationnels".

Les pythagoriciens ont voulu cacher ce "scandale" qui contredisait leur foi dans les nombres et leur disciple Hypase a été mis à mort (dit-on) pour l'avoir révélé...